SAUVETAGE IN EXTREMIS DE DIX PATOUS

Peut-être avez-vous eu vent de l’affaire qui a parfois fait l’objet d’un article dans les journaux locaux. Suite au signalement d’une personne courageuse, la gendarmerie de  Cadenet a procédé en urgence à une saisie chez un éleveur de Puyvert : dix patous faméliques et une chienne type husky ont donc été sauvés de cet élevage de la honte dans lequel ils étaient laissés à l’abandon. Grâce à la ténacité des gendarmes et des pompiers qui ont œuvré sans relâche avec une compassion qui force l’admiration et grâce à la célérité de la justice, les chiens, après seulement une semaine, nous ont été confiés à titre définitif. Ils pourront, une fois remis en forme, être mis à l’adoption. L’éleveur, lui, aura à répondre de ses actes devant la justice .

L’histoire

Le dimanche 6 août sont donc arrivés au refuge, dans un van généreusement prêté et conduit par un agriculteur, onze figures de misère : dix chiens Montagne des Pyrénées et une husky complètement hébétés, d’une saleté repoussante, couverts de parasites et surtout d’une maigreur affolante. A première vue, sous leur toison hirsute, ils semblent bien portants. Puis vous les touchez, écartez les bestioles qui grouillent et vous réalisez : ce ne sont que des sacs d’os, les arêtes saillantes, les hanches apparentes, les omoplates semblant transpercer la peau. Dix mastodontes assez faibles pour que l’un d’eux ne puisse pas tenir sur ses pattes. Nous apprendrons plus tard que trois de leurs compagnons sont morts de faim et de soif dans leur sinistre prison…

Tous sont gentils, doux, un peu craintifs mais souvent avenants : ils ne comprennent rien à ce qui leur arrive. Ils baissent la tête et remuent la queue à notre approche. Un seul reste vraiment sauvage, et à l’heure qu’il est, nous ne pouvons toujours pas l’approcher. Mais le plus urgent est de les déparasiter et de les nourrir, prudemment. Tous sont ensuite conduits chez le vétérinaire qui leur fait un bilan de santé complet.

Les rescapés

Voici Farkan, le plus grand. Il ne semble pas dénutri, sous sa carcasse de poils. Il devrait peser environ 55-60 kilos : il en pèse 33! Inutile d’espérer le brosser : les déjections, les croûtes et les parasites forment une barrière impénétrable. C’est pourtant un des plus affectueux. Il donne même la patte!

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Farkan, à droite, avec son compagnon Eliott, moins sévèrement touché par la dénutrition.

Flipper est le plus petit de la bande. Le plus maigre aussi : 26 kilos. Dévoré par la vermine, il est épuisé par le trajet, la malnutrition et les négligences.

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Ici, la discrète Rainette dont la fourrure pelée laisse paraître les os saillants des hanches. Ses ergots sont si longs qu’ils lui entrent dans la chair de deux centimètres.

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La douce Fifi est un peu moins atteinte que les autres, mais elle est tout aussi maigre et sale.

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Kaori, la femelle, Twix avec ses taches sur les yeux, et Marley, si attachant, attendent sagement chez le vétérinaire. Aucun d’eux ne pèse plus de 39 kilos sur les 55 qu’ils devraient afficher.

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Loubard et Guffi, les deux craintifs du lot. Impossible d’approcher le premier et la laisse panique tant le pauvre Guffi qu’il n’a pas pu être sorti de son parc. Quel peut être le devenir de ces chiens traumatisés? Sont-ils condamnés à rester toute leur vie au refuge sans jamais connaître l’affection d’une caresse, toujours sur le qui-vive, toujours dans la terreur? Nous faisons de notre mieux mais nous n’accomplissons pas de miracles et ne pouvons pas tout guérir…

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Seuls deux chiens sont en relatif bon état : Falone, la husky, dont les oreilles restent toutefois entamées par les parasites et Eliott, le plus gros : 52 kilos de gentillesse et de timidité.

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Les chiens n’étaient pas tous logés à la même enseigne : certains, les « privilégiés », vivaient en semi liberté et, bénéficiant des rogatons, étaient moins affamés et avaient quelques réserves pour affronter la famine. Les autres, parqués dans un enclos, n’avaient pour ainsi dire rien. C’est ce qui explique que les uns ont un poids relativement normal tandis que d’autres sont cachectiques. En tout cas, depuis fin mai, aucun ne semblait manger à sa faim et en l’espace de deux mois, depuis le départ d’un des employés, ils en sont arrivés à cet état pitoyable.

Jamais le refuge n’avait été confronté à une telle situation et notre quotidien s’en trouve bien bouleversé. Mais l’essentiel est que ces chiens soient dorénavant sortis de leur misère et à l’abri de la faim. Que tous ceux, anonymes ou professionnels, qui ont permis ce sauvetage soient chaleureusement remerciés.

Nos nouveaux protégés ne sont pas encore adoptables en raison de leur état de santé. Toutefois, il est possible de les « réserver » : trois (dont Falone et Flipper) ont déjà trouvé une famille. Vous pouvez leur offrir un avenir et mettre un point final à leur sauvetage en leur ouvrant votre foyer. Si vous êtes intéressés par l’adoption de l’un d’eux, appelez le refuge ( 06 71 14 15 82) et venez les voir.

Si vous ne pouvez adopter l’une de ces montagnes de tendresse, vous pouvez aussi aider le refuge par vos dons. Rappelons que ceux-ci sont déductibles des impôts à 66%. Merci de les adresser à la SPA de l’Enclave des Papes, 225 rte de Richerenches, 84600 Grillon. 

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