GEPETTO S’EN EST ALLÉ…

Nous savions confusément que cela arriverait mais nous aurions tant voulu que cette fin si redoutée ne soit pas la tienne… Mourir au refuge… Après huit années à rester invisible. Invisible parce que noir, invisible parce que grand, parce que pas commode aussi, il faut bien le dire. Toi qui as tant souffert de ton abandon, tant souffert de ton adoption ratée, tant souffert de ta vieillesse solitaire, tu n’auras pas connu cette rédemption qu’auront pu vivre Farou, Early, Calypso, Lili et quelques autres : finir leurs jours, si brièvement que ce soit, dans un foyer entouré d’amour. Oh, nous avons fait ce que nous pouvions mais c’est si peu. Si peu…

Nous ne voulions pas le voir et pourtant nous savions. Que l’âge te rattrapait, que la désespérance te gagnait, que la maladie, sans doute, te rongeait. Mais que faire? Que faire de plus qu’essayer de t’offrir quelques balades, quelques gourmandises, des voisins après qui faire le zozo, des coussins moelleux que tu as pu déchiqueter à ta guise, et au bout du compte, une fin la plus douce possible, avec nous, tout contre nous? L’essentiel, nous n’avons pas pu te l’offrir. Et nous restons hébétées de chagrin devant ton chagrin qui est aussi celui de tant d’autres, avant de repartir à l’assaut d’autres solitudes.

Toi qui n’aimais pas les chats, tu pars en même temps que Mamily, notre doyenne et Païta, petits minets discrets dont l’absence sera pourtant si criante. Leur départ, bien cruel aussi, rend septembre si sombre.

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